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Auteur : Yves Lusignan

Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (2 de 3)

Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (2 de 3)

Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (2 de 3)

Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (2 de 3)

Il n’y aurait plus de pic pétrolier ?

Time - This rock could power the world
Depuis quelques années et surtout au cours de la dernière, tout semble avoir changé. Les Américains ont mis au point une manière d’extraire le gaz de schiste (Shale gaz), puis il y a eu le pétrole de schiste (Tight oil ou Shale Oil). Toutes ces ressources, qualifiées de « non conventionnelles », deviennent disponibles à cause du perfectionnement de la technique des puits horizontaux et de la fracture hydraulique. On s’enflamme. Fini la disette ! Voici venir une nouvelle période d’abondance ! On parle même de centaines d’années d’autonomie énergétique pour les États-Unis.

Tout ce discours d’abondance subite a surpris l’observateur que je suis. Comme il s’est développé au moment où j’étais très accaparé par mes travaux de modélisation des mécanismes d’évolution de la société, j’ai dû suivre le phénomène de loin. Or le doute grandissait en moi, c’était comme si j’avais tout compris de travers.

J’ai donc entrepris, il y a quelque mois de me remettre à jour sur l’état de ce dossier et repartir à la recherche d’informations crédibles sur la situation réelle. Qu’en était-il de ce pic pétrolier? Était-ce un faux problème ou étions-nous confrontés à une méga opération de relation publique ?

Pic ou pas pic?

Voici les éléments de la situation complexe que j’ai découverts.

En ce qui concerne l’extraction de pétrole conventionnel, le pic est bel et bien atteint car depuis 2005, son rythme d’extraction a cessé d’augmenter. Selon la théorie de l’exploitation du pétrole, il s’agit du plateau qui précède la décroissance obligée du rythme d’extraction.

Quant au pétrole et au gaz naturel non conventionnels, le niveau d’extraction a bel et bien augmenté aux États-Unis ces dernières années, et à un rythme très surprenant que nul n’avait prédit.

Lorsque les entreprises ont entrepris l’exploitation du gaz de schiste à grande échelle, les prix du gaz naturel ont très rapidement chuté aux États-Unis, passant de 13 $ à 3 $ le mpc. Ainsi, depuis quelques années déjà, l’industrie est en croissance très rapide, mais elle est aussi très déficitaire. Le plus surprenant c’est que c’est son rythme de croissance lui-même, qui la rend déficitaire. Pourquoi cette frénésie ?

D’autre part, ces ressources non conventionnelles sont beaucoup plus dispendieuses et plus longues à développer et en finale, elles produisent une matière brute de moindre qualité plus polluante à extraire et à raffiner. C’est ce niveau d’effort très supérieur qui permet de conclure que l’on ne réussira pas à remplacer les 4 à 6 Mb/jour de capacité que l’on perd chaque année en ressources conventionnelle. À titre d’exemple, les sables bitumineux produisent autour de 1,5 Mb/j après quatre décennies et des dizaines de milliards de dollars d’investissement.

Donc les prix devraient augmenter, mais ils diminuent. La situation est tellement incohérente que, depuis près d’un an, on parle de bulle économique et depuis l’automne, le discours revient à répétition dans les médias spécialisés.

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Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (1 de 3)

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Un peu d’histoire

Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (1 de 3)Au début du nouveau millénaire, le pétrole était tenu pour acquis. Il était implicitement perçu comme une ressource dont on ne verrait pas la fin. Toutefois, depuis ce temps, une idée se fraie lentement un chemin dans la conscience populaire. Celle du pic pétrolier, celle d’un temps où la production de pétrole ne pourra plus augmenter même si la demande, elle, continue à augmenter.
Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (1 de 3)

Perçue comme illimitée il y a seulement dix ans, cette ressource est aujourd’hui associée à des difficultés d’approvisionnement qui en font monter le prix. La réalité de sa rareté a pénétré la conscience des populations et une inquiétude tacite et non verbalisée s’est installée, au point d’accepter : qu’on la prospecte dans des parcs naturels (Alaska, île d’Anticosti…); qu’on détruise des écosystèmes pour permettre son extraction (Alberta); ou encore que l’on risque de polluer la nappe phréatique par l’utilisation de puits horizontaux (fracking).

À l’origine de cette prise de conscience, il y a eu l’œuvre d’un groupe d’expert qui, en 2002, ont créé une organisation, l’ASPO «Association for the Study of Peak Oil&Gaz », avec pour objectif de documenter le danger, de l’expliquer et de le faire émerger dans la conscience populaire.
Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (1 de 3)
Créée d’abord en Allemagne, l’organisation a rapidement vu un chapitre norvégien puis suédois venir l’appuyer. Aujourd’hui, une décennie plus tard deux douzaines de pays ont mis sur pied un chapitre de l’ASPO; parmi ceux-ci on trouve le Canada, les États-Unis et la majorité des pays d’Europe. Grâce à un travail assidu et désintéressé, ces multiples groupes d’experts ont réussi à décrire et à documenter le problème du pic pétrolier de telle manière qu’aujourd’hui, cette possibilité très probable existe réellement dans la conscience sociale des citoyens de tous les pays développés et de la majorité de ceux en développement.

Le pic pétrolier a pénétré notre réalité

J’ai commencé à vraiment étudier le pic pétrolier lors de la préparation d’une des premières conférences que j’ai faite. C’était pour le congrès de l’AMETVS en 2004. La découverte de l’ampleur et de la complexité du problème à résoudre fut pour moi un choc si bien que je n’ai jamais cessé de suivre le dossier et d’en décrire les implications depuis cette époque. Aujourd’hui, après une bonne centaine de conférences sur les différentes dynamiques de changements, je peux vous confirmer que le niveau de conscience de mes auditoires sur cette problématique spécifique s’est complètement transformé.

Le pic pétrolier, qui était un sujet de surprise pour mes auditoires il y a seulement trois ou quatre ans, est aujourd’hui devenu une possibilité reconnue et acceptée. Une possibilité à laquelle on veut commencer à réfléchir, que l’on veut intégrer dans les planifications. Parfois même le pic pétrolier est perçu comme un futur inéluctable pour lequel on veut commencer à se préparer.

Mais, ce problème est tellement complexe à résoudre et il a tellement d’implication que la très grande majorité des dirigeants de la planète préfère l’ignorer, même si c’est aux risques et périls des économies nationales et du bien-être des populations.

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Le défi de la proaction

Le défi de la proaction

Lancer le mouvement d’écohérence

Dernièrement, nous discutions avec des acteurs de développement régional du défi du développement durable. Ils nous disaient combien ils sont surpris de la disponibilité des citoyens à participer à des activités de réflexion du type de celles prévues dans les Agenda 21.

Ils nous disaient combien il est difficile de maintenir leur intérêt car, concluaient-ils, en fin de compte ce qui touche vraiment les gens, c’est l’activité économique qui leur permet de s’assurer qu’ils auront toujours un emploi demain. Si les choix du développement durable attaquent la sécurité de leur emploi, alors les choix économiques priment.

Ils disaient aussi combien il est difficile de transférer ces conclusions et ces priorités découlant du processus de réflexion dans la vie réelle. Car la réflexion sur le développement durable concerne plus les modes de vie que les activités économiques.

Toute cette discussion met bien en évidence la difficulté de l’action proactive qui est fondamentalement différente de l’action réactive. Partout on parle de plan d’action. On ne différencie pas. On n’entend pas parler de plans de réaction ou de plans de proaction, on ne parle que de plans d’action. Mais entre les deux il y a un monde de différence. Je m’explique.

Réagir

Lorsqu’on réagit, on le fait face à un problème qui est connu et c’est l’existence de ce problème qui permet de réunir les gens pour organiser la réaction. C’est la reconnaissance du problème qui permet de s’entendre sur l’objectif à rencontrer. Il peut y avoir de grande discussion sur la manière de réagir, mais la raison de réagir est assez facile à définir puisque le problème est là.

Prenons le recyclage. Il y a trop de déchets, c’est un problème. Il manquera bientôt de matières premières, il faut arrêter d’en jeter, c’est un problème. La solution : le recyclage. On peut dire que le recyclage est une réaction au problème de saturation des sites d’enfouissement et à celui de la raréfaction des ressources. Pour motiver les gens à faire du recyclage, on peut les regrouper pour parler des problèmes, les analyser, évaluer les solutions possibles et, en groupe, conclure à l’efficacité du recyclage pour les résoudre. Le recyclage est une réaction à un problème. Ce fut difficile mais nous avons réussi à l’intégrer dans notre mode de vie.

Proagir

Lorsque l’on veut proagir, on le fait face à un problème anticipé, un problème qui n’est pas encore là. C’est l’absence de ce problème dans le présent qui rend difficile l’organisation de la proaction. C’est plus difficile car il faut :

  • convaincre un groupe de gens de l’inéluctabilité du problème;

  • amener ces gens à une perception commune, de sa source, de ses impacts;

  • unifier leurs perceptions de son rythme d’évolution et du temps que l’on a pour réagir.

Ce sont ces contraintes qui rendent si difficile l’organisation d’une démarche de proaction comme la métamorphose vers le développement durable. C’est aussi cette absence du problème dans le présent qui rend difficile le maintien de l’intérêt des groupes que l’on réussit à mettre sur pied.

Lorsque l’on parle du développement durable, on parle d’inventer une société qui existerait sans détruire la biosphère et sans mettre en danger l’avenir de l’humanité. C’est un problème qui est anticipé puisque la biosphère et l’humanité sont actuellement bien vivantes et que le développement de la vie moderne ne donne pas l’impression qu’on les met en danger par nos actions directes. Il n’y a pas de liens directs de cause à effet entre ce que l’on peut faire en tant qu’humain et le problème à résoudre.

La motivation d’agir ne repose donc que sur la perception de la situation qui nécessite que l’on proagisse. Et la perception, c’est vivant, en perpétuelle évolution. Ça dépend des dernières informations et ça diminue en précision si ce n’est pas entretenu. Le développement durable est une proaction face à l’anticipation d’un problème. C’est subtil et nous n’avons pas encore réussi à l’intégrer dans notre mode de vie.

Outils de proaction

Malgré la complexité, on peut réussir à proagir. C’est un muscle à développer, une technique de communication et de description. Pour réussir une démarche de proaction, il faut

  1. s’assurer de maintenir vivante dans l’esprit des acteurs la perception de la raison qui nécessite la proaction. L’émergence des réseaux sociaux est une panacée pour résoudre cette nécessité;

  2. réussir à définir une cible à atteindre, c’est-à-dire un résultat de l’action qui, s’il est atteint, permettra de dire que la proaction aura été un succès;

  3. identifier et faire approuver des indicateurs qui permettent de mesurer l’évolution du problème et l’avancement des travaux qui visent à atteindre la cible;

  4. mesurer l’évolution de la situation et maintenir les acteurs informés des progrès de l’action et des succès qui sont remportés.

On le voit, la proaction repose sur deux habiletés, mesurer des réalités complexes et les communiquer de manière accessible. Il faut permettre qu’un groupe d’acteurs puissent maintenir une perception assez détaillée de l’évolution de la démarche de proaction pour leur permettre de maintenir leur volonté d’agir.

Le temps de la proaction

Chaque année nous éloigne un peu plus du développement durable. Chaque année, la biosphère est plus affectée par la présence des humains. Chaque année, les humains sont un peu plus empoisonnés par le fonctionnement de la société. Donc, chaque année on s’éloigne un peu plus du développement durable.

Il n’y a qu’un seul moyen d’agir, la proaction. La réaction ne suffit plus, la dégradation s’accélère trop. Ça veut dire que si on veut choisir son futur, je dirais même sauver son futur, il n’y a pas de temps à perdre. Il faut devenir des maîtres en proaction. Il faut s’inventer un futur, se constituer un projet de société durable. Il faut s’inventer une économie écohérente, une économie cohérente avec l’écologie.

Le développement économique doit se réinventer. Son seul objectif doit cesser d’être la croissance pour devenir l’écohérence, la cohérence écologique. Ça ne veut pas dire oublier l’économie; ça veut dire réorienter l’économie et ses critères de mesure. Ceux qui inventeront l’écohérence seront les maîtres du prochain siècle. Au Québec on a la créativité, les ressources et un niveau de conscience de la collectivité qui nous place en pôle position en Amérique du Nord dans la course vers l’écohérence. Saurons-nous en profiter?

Pour poursuivre la réflexion, je vous invite à lire cet article paru dans The Economist et qui parle des prochains supermodèles socioéconomiques.

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Climat – pétrole, quand l’heure des choix approche

Climat – pétrole, quand l’heure des choix approche

Climat – pétrole, quand l’heure des choix approche

À chaque année qui passe, le pétrole que nous extrayons du sol est plus difficile à extraire, plus polluant aussi. De plus, comme il est de moindre qualité il est aussi plus polluant à raffiner et, notamment, il en résulte plus de CO2 dans l’atmosphère. Tout cela avant même sa consommation! Cette dégradation de la situation est reliée à la raréfaction des ressources, celles de bonne qualité et facilement accessibles ayant déjà été extraites. C’est une situation qui empire année après année et ça ne fait que commencer. Cette réalité maintenant promue par les experts de l’Agence Internationale de l’énergie (AIE) et même par certains du FMI, est acceptée et reconnue par presque tous les gens compétents dans le domaine. La tendance est à la rareté et cette rareté représente un des plus grands défis de l’humanité. De plus, ce portrait de la situation de l’industrie du pétrole, est aussi très descriptif de la situation qui a cour dans celle du gaz naturel. Pourtant c’est le silence radio, les gouvernements n’en parlent pas, les médias très peu. Pourtant c’est un immense défi, car le fonctionnement de notre société moderne repose sur la disponibilité d’énergie en grande quantité. Mais reconnaître la crise énergétique c’est aussi reconnaître la crise de la société de consommation et cette simple reconnaissance déclencherait une crise économique qui ébranlerait les puissances en place. Résultat, silence radio ! Dans un autre ordre d’idée, chaque année, l’augmentation de l’intensité des évènements climatiques extrêmes se fait ressentir plus durement. Et cette augmentation ne se mesure pas seulement en nombre d’évènements, elle se mesure aussi en gravité des évènements, en dispersion dans tous les coins du globe et en importances de leurs impacts sur la vie sociale et économique des pays qui les subissent. Ces sauts du climat ont atteint une telle fréquence que le concept de changement climatique est en train de cesser d’être un concept pour devenir une réalité perçue, reconnue et acceptée par le commun des mortels, partout sur la planète. D’ailleurs, suite au sondage de plus de 13 000 personnes dans 13 pays de 3 continents réalisé en 2012 pour le compte de l’assureur AXA, la firme IPSOS le confirme, 9 personnes sur 10 croient que le climat a effectivement connu des changements importants ces vingt dernières années. Ils sont aussi 9 sur 10 à se sentir anxieux. Il y en a même 3 sur 10 qui affirment que leur confort personnel est déjà affecté. Enfin, 3 personnes sur 4 estiment aujourd’hui que le changement climatique a été scientifiquement prouvé. Même dans les pays les moins convaincus par la scientificité du phénomène (Japon, Royaume-Uni, États-Unis), le scepticisme est globalement minoritaire (respectivement 42%, 37% et 35%).

On le voit, la conscience des humains est partout en train d’intégrer cette nouvelle réalité ce qui mène à terme à un changement de mode de vie. Pendant encore combien de temps les populations se laisseront-elles convaincre par leur gouvernement et leurs industriels que la priorité est économique?

Malgré les centaines de millions de dollars dépensés chaque année par les membres de l’industrie du pétrole pour nous convaincre que le lien entre pétrole et réchauffement planétaire n’est pas prouvé. Malgré les journaux de la planète qui évitent sciemment le sujet. L’humanité est en train de prendre conscience que le plus grand danger qui la menace n’est pas économique. L’humanité est en train d’intégrer cette nouvelle dimension dans sa perception de la réalité. Les consciences populaires sont en train de s’ajuster. Une conviction nouvelle émerge: la consommation d’énergies fossiles est dangereuse, elle met à risque notre monde et le futur de nos enfants. Pourtant, malgré la reconnaissance très généralisée de ce que je viens de décrire, les pays et les économies occidentaux continuent de fonctionner comme si de rien n’était. Elles continuent à subventionner le développement des ressources polluantes de pétrole, continuent à ne pas signer le protocole de Kyoto. Pire, elles continuent à rechercher une diminution du prix de l’énergie alors qu’il faudrait provoquer son augmentation pour apprendre à l’utiliser avec modération. Il faudrait intégrer le coût environnemental dans le prix des énergies pour apprendre à en consommer moins. L’humanité est face à son destin et les pressions de changements augmentent de façon non linéaire même si le système résiste encore. Bientôt, l’onde de choc de ces changements inéluctables nous frappera. Plus le temps passe plus elle sera forte. Ça n’est pas arrivé en 2012 est-ce que ce sera en 2013? Ce n’est définitivement pas certain, mais c’est certainement possible.

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Énergie et élection américaine

Énergie et élection américaine

Énergie et élection américaine

Voici la traduction d’un article court mais très significatif paru dans le site inspired economist . Les candidats à la présidence des États-Unis sont de plus en plus polarisés sur leurs choix et leurs philosophies. Les américains ont donc l’opportunité de choisir la direction de leur pays en fonction de ces approches très différentes. Un moyen significatif pour comprendre ces orientations politiques est de regarder les gens qui sont nommés aux postes de décisions et nulle part cette distinction est-elle plus claire que dans le secteur de l’énergie. Le secrétaire à l’énergie du président Obama est le Dr Steven Chu, un physicien prix Nobel, qui a dirigé le Laboratoire Lawrence Berkeley, et a enseigné la physique à l’Université Stanford. Ses principales réalisations dans ses quatre années comme secrétaire à l’Énergie comprennent :

  • La création d’une exigence pour que les appareils neufs réduisent ou éliminent la quantité d’énergie vampire qu’ils utilisent (énergie utilisée lorsqu’il est branché mais pas allumé, soit environ 15% de l’énergie totale utilisée, et une perte totale).

  • La rédaction et mise en place d’une politique visant à l’amélioration du réseau d’électricité de la nation, quelque chose qui, de l’avis de la plupart des chercheurs, peut aider à changer le paysage pour permettre davantage d’énergies renouvelables, et favoriser de meilleures décisions par les consommateurs d’énergie pour diminuer leur consommation et leurs factures.

  • Il a également activement promu l’efficacité énergétique en poussant des incitatifs fiscaux pour le calfeutrage et les produits de calfeutrage.

En revanche, le conseiller en efficacité énergétique du candidat républicain Mitt Romney à ce point est Harold Hamm. C’est le chef de la direction d’une entreprise de service pétrolier qui, chaque année, fait de pression agressive face aux membres du congrès pour maintenir la somme de 4,1 milliards de dollars en subventions que les contribuables donnent aux compagnies pétrolières chaque année. Avec les deux candidats qui affirment que l’élection est décisive quant aux choix pour la direction du pays, on ne peut qu’être d’accord. Quand on regarde la politique énergétique, on peut comprendre jusqu’à quel point c’est un choix est entre deux visions radicalement différentes.

Note: J’ai l’impression que, comme pour le Québec, le taux de participation au élection américaine sera très élevé

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Pour enrichir notre vision des banques

Pour enrichir notre vision des banques

Hein? L’économie durable discutée à Davos!

J’ai trouvé, en me promenant sur le site de Paul Jorion que je fréquente régulièrement, un billet sur les banques et leurs principaux défauts. Ils ont fait une liste de leurs péchés, sept en tout, comme les sept péchés capitaux. Ils ont identifié : la mégalomanie, la toxicomanie, la perversion, le vampirisme, la cupidité, la fourberie, et l’imprudence. Ça m’a intrigué alors j’ai suivi le lien qui mène vers un site spécifiquement sur le sujet. Je l’ai exploré sommairement et j’ai été surpris de ce que j’y ai appris. Que voilà une expérience intéressante aussi je me suis dit que vous pourriez, vous aussi, être intéressé par une visite sur ce site qui nous présente une perspective qui nous est inconnue alors voici le lien et amusez-vous bien.

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Points de bifurcation

Points de bifurcation

Points de bifurcation

Dans la théorie des systèmes complexes, un point de bifurcation est le moment où un nouvel ordre prend racine dans le présent. Vu d’aujourd’hui, ça semble simple or ce qui en 1977 valut à Ilya Prigogine le prix Nobel peut être en soi un point de bifurcation. En démontrant leur existence dans sa théorie des systèmes dissipatifs il a démontré que l’univers n’est pas déterminé. Il a ainsi remis en question l’universalité de la science déterministe, la reléguant à une science d’exception. C’est aussi important qu’Einstein.

Les sociétés, les économies ou les organisations se comportent comme des systèmes complexes. Les points de bifurcation sont des évènements qui y interviennent lorsque le système est sous pression. Dans un contexte critique, plutôt que de s’autodétruire, le système cherche à s’adapter aux contraintes de son contexte. L’éclosion d’un point de bifurcation fera apparaître un changement de perception global du système par lui-même qui peu provoquer l’émergence d’un nouvel ordre de fonctionnement devenu nécessaire pour permettre au système de survivre.

Ce sont les moments ou l’histoire s’écrit.

Le printemps Arabe est un exemple de points de bifurcation. Ainsi que l’émergence spontanée du mouvement « Occupy Wall Street ». Résultats d’une société en état de stress, le nombre de points de bifurcation se multiplie et c’est normal. L’effervescence politique et économique devient palpable. Les attentes de changements deviennent tangibles. L’énergie de changement augmente jour après jour partout sur la planète. Le système devient instable alors l’éclosion de points de bifurcation se multiplient.

Au Canada, nous avons assisté, il y a un an, à un point de bifurcation très intéressant : la réorganisation de la scène politique canadienne qui a subitement quitté le centre, historiquement occupé par les libéraux et les progressistes conservateurs, pour se polariser beaucoup plus intensément entre la droite des conservateurs et la gauche du NPD. C’est un changement de cadre de référence important qui s’est fait subitement. Nous verrons l’ampleur de son impact aux prochaines élections. (voir le billet que j’ai écrit à l’époque)

Le Québec ne fait pas exception

Au Québec, la même chose vient de se produire, du moins je le crois. La performance de Françoise David au débat des chefs a subitement fait apparaître un nouvel espace politique dans lequel les gens se sont reconnus. L’impact à moyen terme pourrait être important. Soudain, Québec Solidaire est passé du statut d’hypothèse sympathique mais irréaliste à une possibilité concrète qui pourrait devenir accessible. Ça pourrait être la naissance d’un nouvel espace de réflexion politique qui pourrait attirer de plus en plus d’intellectuel et à terme provoquer un changement de régime politique qui résulterait en un changement d’ordre ou de cadre de référence dans la gouvernance économique du Québec.

Il se pourrait que nous assistions à l’émergence d’un point de bifurcation, d’un changement d’attitude des électeurs que l’histoire retiendra. Subitement les gens pourrait découvrir que la politique peut aussi proposer un fonctionnement d’état, pas seulement un fonctionnement d’économie. Ce changement d’attitude de l’électorat pourrait aussi bénéficier à Option Québec qui propose aussi un nouveau fonctionnement d’état.

Le temps du changement

Évidemment, les changements ne se font pas rapidement mais ce point de bifurcation pourrait signifier que lors des prochaines élections, l’argumentaire pourrait ne plus se faire principalement autour des concepts de fédéralisme et de séparatisme mais aussi autour des concepts de société favorisant le développement des individus avant la collectivité ou encore de la collectivité avant les individus. En d’autres termes, le choix pourrait aussi se poser entre une démocratie économique ou une démocratie sociale.

Le futur se prépare, il nous arrive.

En ces temps turbulents où tout est impermanent, la prudence impose de ne rien prendre pour acquis. On ne peut plus prendre pour acquis que le futur est simplement la suite du passé et que les règles qui nous permettaient de bien décider hier seront celle qui nous le permettront demain.

On ne peut pas savoir ce que nous réserve le futur mais on peut détecter et suivre l’émergence des points de bifurcation qui le caractériseront. On peut aussi distinguer ceux qui n’auront pas d’effets structurant de ceux qui pourraient se traduire par des changements importants. Mais ces derniers ne peuvent devenir des opportunités que si on s’y prépare. Alors soyons alertes.

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Défis de l’automne

Défis de l’automne

Défis de l’automne

Enfin l’été !

Quel plaisir que cette période de ralentissement. Le temps de prendre du recul, de se demander : D’où viens-je ? Où suis-je ? Où vais-je ?

Ça nous amène à réfléchir sur ce qui nous attend à l’automne. Il y a les élections au Québec, il y a l’économie, il y a l’énergie, il y a la saison des ouragans qui pourrait bien être exceptionnels cette année, il y a les élections aux États-Unis et il y a les étudiants car si vous espérez que le conflit ne reprendra pas, je crois que vous vous trompez.

Mais, quoi qu’il arrive, on peut raisonnablement s’attendre à un automne chaud, un automne où il faudra faire beaucoup avec peu, un automne où le succès reposera sur le talent. Dans cette perspective je vous propose cette video pour vous préparer mentalement à la créativité qu’il nous faudra déployer.

Bonne vacances 🙂

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Faut-il repenser le système ?

Faut-il repenser le système ?

repenser ou réparer le système

Cette question me suit depuis près de deux ans. En effet, je l’ai posée en introduction dans une cinquantaine de conférences et ateliers. Je précise que le choix que je leur propose est entre prioriser de relancer le système, et du même coup la croissance économique, ou encore prioriser de repenser le système, sans même essayer de relancer la croissance. J’insiste fortement à chaque fois sur les implications du choix .

La première fois, à Rouyn-Noranda lors du lancement du projet pilote de métamorphose socio-économique en Abitibi-Témiscamingue, je croyais qu’ils me répondraient qu’il faut relancer le système en premier et je me préparais à leur démontrer le contraire mais j’en fus pour mes frais. Quelle ne fut pas ma surprise de voir apparaître la distribution des réponses suivante :

Cette question me suit depuis près de deux ans. En effet, je l’ai posée en introduction dans une cinquantaine de conférences et ateliers. Je précise que le choix que je leur propose est entre prioriser de relancer le système, et du même coup la croissance économique, ou encore prioriser de repenser le système, sans même essayer de relancer la croissance. J’insiste fortement à chaque fois sur les implications du choix .

La première fois, à Rouyn-Noranda lors du lancement du projet pilote de métamorphose socio-économique en Abitibi-Témiscamingue, je croyais qu’ils me répondraient qu’il faut relancer le système en premier et je me préparais à leur démontrer le contraire mais j’en fus pour mes frais. Quelle ne fut pas ma surprise de voir apparaître la distribution des réponses suivante :

 



 
Tomber des nues
 J’avais l’impression de tomber des nues. Ainsi donc les gens savaient dans leur for intérieur que le système n’avait plus de bon sens. Quelle heureuse découverte ce fut.

Depuis, j’ai toujours des réponses semblables. Il y a un peu plus de un an, je l’ai posée en introduction à un atelier de prospective que je faisais avec un groupe d’une vingtaine de responsables de marketing de petites et moyennes entreprises de la région de Québec et ils ont répondu à 100% « Repenser le système ». Six mois plus tard, une douzaine de membres de la direction d’une importante entreprise d’équipement de transport du Québec, dont certains étaient des dirigeants de filiales américaines, m’ont fait la même réponses, à 100%.

Je dois avoir cumulé entre 500 et 1000 réponses jusqu’à présent. Leur cumul indique qu’entre 85 et 90% des gens qui ont participé aux ateliers pensent qu’il faut « Repenser le système ». Seulement deux fois, j’ai eu des pourcentages inférieurs à 80% et c’était dans les 70%.


Développer la soif du changement 
Ce profil de réponse implique en effet que, pour beaucoup de gens, le futur a cessé d’être la suite du passé. Que nous vivons probablement le début d’un changement de paradigme. Car si nous cessons de nous fier au passé et d’essayer de le reproduire, nous entreprendrons alors de questionner le futur, de se demander lequel on veut, lequel on peut ? Dès lors, beaucoup de choix et de manières de faire, qui ont cours aujourd’hui, deviendront éminemment questionnables.

« Ce besoin reconnu de changement représente une énergie qui s’accumule »

 Cette affirmation relève de la science des systèmes complexes et plus précisément de la théorie des structures dissipatives de M. Ilya Prigogine. Pour expliquer prenons une comparaison. Le Golfe du Mexique est un système complexe, un système qui s’autorégule. On sait que la température de l’eau du golf doit atteindre 27C° sur 60 mètres de profondeur pour que l’énergie disponible soit suffisamment importante pour déclencher les ouragans qui la refroidissent. C’est le mécanisme d’autorégulation du Golfe qui y supporte la vie.

Un principe semblable s’applique aux sociétés humaines qui sont aussi des systèmes complexes qui s’autorégulent. Lorsque l’augmentation de tension de changement chez les individus devient suffisamment forte et distribuée, le système atteint une condition nécessaire pour provoquer un point de bifurcation.

Cette bifurcation débute par un changement brutal et très global dans la manière de voir les choses. Il en résulte un changement d’attitude par rapport à ce que devrait être les manières de faire dans la société, qui lui-même va provoquer un changement dans les mécanismes de fonctionnement du système social. Ce dernier aura alors passé un point de bifurcation. La Tunisie est un exemple de point de bifurcation ; ils ont changé de manière de voir il y a un peu plus d’un an et ils travaillent maintenant à changer les manières de faire. C’est difficile mais il n’y a pas de retour en arrière possible. À terme, le pays retrouvera un autre point d’équilibre. Pour approfondir voir mon billet d'octobre 2011 (Point de bifurcation).

 Nature des changements qui se confirment 
 Comme nous le démontrons dans nos ateliers de prospective et de simulation socio-économique, les points de bifurcations potentiels sont nombreux. Ainsi, ils pourraient provenir d’un changement s’attitude et de conviction par rapport à :

l’obligation de la croissance pour assurer le bien-être économique ;
l’intérêt de la mondialisation pour l’Occident ;
l’importance d’agir sur le réchauffement de la planète ;
l’acceptabilité sociale de la concentration de la richesse ;
l’acceptabilité économique de la spéculation ;
l’acceptabilité étique du mensonge ;
l’acceptabilité sociale de la cupidité ;
ou, plus près de nous, l’importance stratégique de l’éducation dans une société.
Mais ce qui permet d’anticiper un changement de paradigme, c’est bien le fait que le système est extrêmement sous pression et qu’il en résulte que tout changement d’attitude global par rapport à l’une de ces caractéristiques de la société actuelle provoquera nécessairement un changement par rapports aux autres caractéristiques, puisqu’elles sont toute reliées. Dans ce contexte, c’est l’ensemble de notre vision de ce qu’est et devrait être le monde qui est sur le point de se réorganiser, se recentrer.

 On ne peut pas avoir de grandes certitudes sur les caractéristiques de la nouvelle vision du monde qui émergera, mais on peut assumer sans trop de crainte de se tromper que :

la perception généralisée d’abondance des ressources sera réajustée à la réalité de leur rareté
l’objectif de croissance économique sera remplacé par un objectif de consolidation, de protection des acquis
dans les critères de décision de la société durable, le prix cessera d’être un enjeu et sera remplacé par le coût
la recherche de mondialisation sera remplacée par la réintégration des économies et  leur régionalisation, deux stratégies essentielles pour réussir leur consolidation et leur adaptation au contexte de rareté des ressources.
Implication pour le développement économique
Toute cette situation ne veut pas dire qu’il faut cesser de faire du développement économique en attendant que les choses se tassent. C’est l’ensemble de la société qui est en train de changer et le développement économique est un de ces mécanismes de changement et d’adaptation.
Pour les gens qui font du développement économique, ces changements impliquent dorénavant d’intégrer, dans votre cadre d’analyse et de décision, une réflexion sur le comportement de l’organisation que vous voulez supporter dans une société où :

la recherche de croissance ne serait plus un objectif prioritaire,
la rareté des ressources et la fragilité de la biosphère seraient intégrées dans les processus d’évaluation 
l’acceptation de ces réalités serait un vecteur primaire de reconnaissance sociale.
Ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est qu’il devient de plus en plus prioritaire d’identifier des modèle d’affaires qui peuvent prendre racine dans une société en croissance mais qui pourront aussi prospérer dans une société en consolidation.

C’est la porte d’entrée pour repenser le système !
 

Tomber des nues

J’avais l’impression de tomber des nues. Ainsi donc les gens savaient dans leur for intérieur que le système n’avait plus de bon sens. Quelle heureuse découverte ce fut.

Depuis, j’ai toujours des réponses semblables. Il y a un peu plus de un an, je l’ai posée en introduction à un atelier de prospective que je faisais avec un groupe d’une vingtaine de responsables de marketing de petites et moyennes entreprises de la région de Québec et ils ont répondu à 100% « Repenser le système ». Six mois plus tard, une douzaine de membres de la direction d’une importante entreprise d’équipement de transport du Québec, dont certains étaient des dirigeants de filiales américaines, m’ont fait la même réponses, à 100%.

Je dois avoir cumulé entre 500 et 1000 réponses jusqu’à présent. Leur cumul indique qu’entre 85 et 90% des gens qui ont participé aux ateliers pensent qu’il faut « Repenser le système ». Seulement deux fois, j’ai eu des pourcentages inférieurs à 80% et c’était dans les 70%.

Développer la soif du changement

Ce profil de réponse implique en effet que, pour beaucoup de gens, le futur a cessé d’être la suite du passé. Que nous vivons probablement le début d’un changement de paradigme. Car si nous cessons de nous fier au passé et d’essayer de le reproduire, nous entreprendrons alors de questionner le futur, de se demander lequel on veut, lequel on peut ? Dès lors, beaucoup de choix et de manières de faire, qui ont cours aujourd’hui, deviendront éminemment questionnables.

« Ce besoin reconnu de changement représente une énergie qui s’accumule »

Cette affirmation relève de la science des systèmes complexes et plus précisément de la théorie des structures dissipatives de M. Ilya Prigogine. Pour expliquer prenons une comparaison. Le Golfe du Mexique est un système complexe, un système qui s’autorégule. On sait que la température de l’eau du golf doit atteindre 27C° sur 60 mètres de profondeur pour que l’énergie disponible soit suffisamment importante pour déclencher les ouragans qui la refroidissent. C’est le mécanisme d’autorégulation du Golfe qui y supporte la vie.

Un principe semblable s’applique aux sociétés humaines qui sont aussi des systèmes complexes qui s’autorégulent. Lorsque l’augmentation de tension de changement chez les individus devient suffisamment forte et distribuée, le système atteint une condition nécessaire pour provoquer un point de bifurcation.

Cette bifurcation débute par un changement brutal et très global dans la manière de voir les choses. Il en résulte un changement d’attitude par rapport à ce que devrait être les manières de faire dans la société, qui lui-même va provoquer un changement dans les mécanismes de fonctionnement du système social. Ce dernier aura alors passé un point de bifurcation. La Tunisie est un exemple de point de bifurcation ; ils ont changé de manière de voir il y a un peu plus d’un an et ils travaillent maintenant à changer les manières de faire. C’est difficile mais il n’y a pas de retour en arrière possible. À terme, le pays retrouvera un autre point d’équilibre. Pour approfondir voir mon billet d’octobre 2011 (Point de bifurcation).

Nature des changements qui se confirment

Comme nous le démontrons dans nos ateliers de prospective et de simulation socio-économique, les points de bifurcations potentiels sont nombreux. Ainsi, ils pourraient provenir d’un changement s’attitude et de conviction par rapport à :

  • l’obligation de la croissance pour assurer le bien-être économique ;

  • l’intérêt de la mondialisation pour l’Occident ;

  • l’importance d’agir sur le réchauffement de la planète ;

  • l’acceptabilité sociale de la concentration de la richesse ;

  • l’acceptabilité économique de la spéculation ;

  • l’acceptabilité étique du mensonge ;

  • l’acceptabilité sociale de la cupidité ;

  • ou, plus près de nous, l’importance stratégique de l’éducation dans une société.

Mais ce qui permet d’anticiper un changement de paradigme, c’est bien le fait que le système est extrêmement sous pression et qu’il en résulte que tout changement d’attitude global par rapport à l’une de ces caractéristiques de la société actuelle provoquera nécessairement un changement par rapports aux autres caractéristiques, puisqu’elles sont toute reliées. Dans ce contexte, c’est l’ensemble de notre vision de ce qu’est et devrait être le monde qui est sur le point de se réorganiser, se recentrer.

On ne peut pas avoir de grandes certitudes sur les caractéristiques de la nouvelle vision du monde qui émergera, mais on peut assumer sans trop de crainte de se tromper que :

  • la perception généralisée d’abondance des ressources sera réajustée à la réalité de leur rareté

  • l’objectif de croissance économique sera remplacé par un objectif de consolidation, de protection des acquis

  • dans les critères de décision de la société durable, le prix cessera d’être un enjeu et sera remplacé par le coût

  • la recherche de mondialisation sera remplacée par la réintégration des économies et leur régionalisation, deux stratégies essentielles pour réussir leur consolidation et leur adaptation au contexte de rareté des ressources.

Implication pour le développement économique

Toute cette situation ne veut pas dire qu’il faut cesser de faire du développement économique en attendant que les choses se tassent. C’est l’ensemble de la société qui est en train de changer et le développement économique est un de ces mécanismes de changement et d’adaptation. Pour les gens qui font du développement économique, ces changements impliquent dorénavant d’intégrer, dans votre cadre d’analyse et de décision, une réflexion sur le comportement de l’organisation que vous voulez supporter dans une société où :

  • la recherche de croissance ne serait plus un objectif prioritaire,

  • la rareté des ressources et la fragilité de la biosphère seraient intégrées dans les processus d’évaluation

  • l’acceptation de ces réalités serait un vecteur primaire de reconnaissance sociale.

Ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est qu’il devient de plus en plus prioritaire d’identifier des modèle d’affaires qui peuvent prendre racine dans une société en croissance mais qui pourront aussi prospérer dans une société en consolidation.

C’est la porte d’entrée pour repenser le système !

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La mondialisation, vous connaissez ?

La mondialisation, vous connaissez ?

De l'abondance à la rareté des ressources

Nous avons grandi dans la mondialisation. Depuis trente ans, c’est considéré comme le chemin de la civilisation, celui du développement. Ce serait le seul moyen d’élever le niveau de vie de tous les humains de la planète. Sans mondialisation, pas de futur, c’est la déchéance.

Oui, les dernières décennies ont été teintées d’une conviction implicite : la mondialisation, c’est bon, c’est ce qu’il faut.

Cette conviction était tellement profonde qu’elle a pénétré toutes les couches de la société. L’université enseigne les vertus de la mondialisation. Les gouvernements ont ajusté leur mode de fonctionnement pour favoriser la mondialisation. Les financiers, plus que tous, favorisent la mondialisation car elle rime avec dérégulation. Leurs grilles d’analyse assument un futur toujours plus mondialisé et ce faisant, les projets qu’ils favorisent sont ceux qui ont le profil nécessaire pour réussir à l’échelle mondiale.

Il en résulte la circulation libre et sans entrave des capitaux et des marchandises, mais pas des hommes. Nous avons maintenant un immense marché à l’échelle de la planète, où l’on peut acheter et vendre n’importe quel produit, n’importe où dans le monde, ou placer son argent dans n’importe quel pays du monde.

Mais le rêve craque. Depuis une dizaine d’années, on voit apparaître un vent contraire. D’ailleurs, pour beaucoup de penseurs, la crise de 2008 annonce la fin de la mondialisation et le réveil des états qui tentent de reprendre le contrôle de la situation. Le monde financier n’a pas encore été harnaché mais la reconnaissance du besoin de le faire est plus présente que jamais.

Dorénavant, on parle carrément de démondialisation. Un article important sur le sujet a été publié dans le journal Le monde diplomatique en août 2011.

 
 

Frédéric Lordon y décrivait la mondialisation en ces termes.

« Sous la lumière crue de la conjoncture présente, on peut définir la mondialisation comme :

  • la concurrence non faussée entre économies à standards salariaux abyssalement différents ;

  • la menace permanente de délocalisation ;

  • la contrainte actionnariale exigeant des rentabilités financières sans limites, telles que leur combinaison opère une compression constante des revenus salariaux ;

  • le développement de l’endettement chronique des ménages qui s’ensuit ;

  • l’absolue licence de la finance de déployer ses opérations spéculatives déstabilisatrices, le cas échéant à partir des dettes portées par les ménages (comme dans le cas des subprimes) ;

  • la prise en otage des pouvoirs publics sommés de venir au secours des institutions financières déconfites par les crises récurrentes ;

  • le portage du coût macroéconomique de ces crises par les chômeurs, de leur coût pour les finances publiques par les contribuables, les usagers, les fonctionnaires et les pensionnés ;

  • la dépossession des citoyens de toute emprise sur la politique économique, désormais réglée d’après les seuls desiderata des créanciers internationaux et quoi qu’il en coûte aux corps sociaux ;

  • la remise de la politique monétaire à une institution indépendante hors de tout contrôle politique :

C’est tout cela qu’on pourrait, par une convention de langage peu exigeante, décider de nommer mondialisation. D’où suit, toujours aussi simplement, que se dire favorable à la démondialisation n’est alors, génériquement, pas autre chose que déclarer ne plus vouloir de ça ! »

Aujourd’hui le processus de démondialisation est clairement enclenché. Sous l’impulsion du monde de la finance, on continue à parler de mondialisation mais dans les officines des stratèges économiques, la mode est à la régionalisation. On cherche à rapatrier les entreprises manufacturières qui ont été délocalisées.

Le Boston Group nous en parle dans son rapport intitulée « Made in America again » où il recommande d’entreprendre dès aujourd’hui la planification du rapatriement des entreprises qui ont été délocalisées.

 

Le président Obama dans son dernier discours sur l’état de la nation propose comme première mesure d’action ceci :

« Create New Jobs Here in America, Discourage Outsourcing, and Encourage Insourcing. »

Voilà qui est tout sauf de la mondialisation.

Ce serait même plutôt de la démondialisation.

  1. Dans ce nouveau contexte, que doivent devenir les stratégies de développement économique ?

  2. Faut-il encore chercher à attirer des entreprises internationales ?

  3. Doit-on encore chercher à lancer les PME sur les marchés internationaux ?

  4. Peut-on imaginer un autre modèle de succès économique, un modèle qui fonctionnerait dans un contexte de démondialisation ?

Cette réflexion, c’est le défi de 2012.

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