Le pic pétrolier, où en sommes-nous ? (2 de 3)
Il n’y aurait plus de pic pétrolier ?
Tout ce discours d’abondance subite a surpris l’observateur que je suis. Comme il s’est développé au moment où j’étais très accaparé par mes travaux de modélisation des mécanismes d’évolution de la société, j’ai dû suivre le phénomène de loin. Or le doute grandissait en moi, c’était comme si j’avais tout compris de travers.
J’ai donc entrepris, il y a quelque mois de me remettre à jour sur l’état de ce dossier et repartir à la recherche d’informations crédibles sur la situation réelle. Qu’en était-il de ce pic pétrolier? Était-ce un faux problème ou étions-nous confrontés à une méga opération de relation publique ?
Pic ou pas pic?
Voici les éléments de la situation complexe que j’ai découverts.
En ce qui concerne l’extraction de pétrole conventionnel, le pic est bel et bien atteint car depuis 2005, son rythme d’extraction a cessé d’augmenter. Selon la théorie de l’exploitation du pétrole, il s’agit du plateau qui précède la décroissance obligée du rythme d’extraction.
Quant au pétrole et au gaz naturel non conventionnels, le niveau d’extraction a bel et bien augmenté aux États-Unis ces dernières années, et à un rythme très surprenant que nul n’avait prédit.
Lorsque les entreprises ont entrepris l’exploitation du gaz de schiste à grande échelle, les prix du gaz naturel ont très rapidement chuté aux États-Unis, passant de 13 $ à 3 $ le mpc. Ainsi, depuis quelques années déjà, l’industrie est en croissance très rapide, mais elle est aussi très déficitaire. Le plus surprenant c’est que c’est son rythme de croissance lui-même, qui la rend déficitaire. Pourquoi cette frénésie ?
D’autre part, ces ressources non conventionnelles sont beaucoup plus dispendieuses et plus longues à développer et en finale, elles produisent une matière brute de moindre qualité plus polluante à extraire et à raffiner. C’est ce niveau d’effort très supérieur qui permet de conclure que l’on ne réussira pas à remplacer les 4 à 6 Mb/jour de capacité que l’on perd chaque année en ressources conventionnelle. À titre d’exemple, les sables bitumineux produisent autour de 1,5 Mb/j après quatre décennies et des dizaines de milliards de dollars d’investissement.
Donc les prix devraient augmenter, mais ils diminuent. La situation est tellement incohérente que, depuis près d’un an, on parle de bulle économique et depuis l’automne, le discours revient à répétition dans les médias spécialisés.
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