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Réparer ou repenser le système?

repenser ou réparer le système

Face aux enjeux environnementaux, on peut considérer qu’il y a essentiellement deux conversations qui prennent leur place dans le débat public.

La conversation du Comment

La première, majoritaire en matière d’attention et d’investissements publics et privés, est celle du comment : comment réduire l’impact environnemental de nos activités? C’est une question d’ordre opérationnel : elle est analytique, quantitative et dissèque les composantes du système économique actuel. C’est celle qui paraît évidente, voire suffisante : trouvons des substituts, des manières de faire alternatives, optimisons nos processus, etc. Elle cherche des améliorations en vue de réparer un système. Pourtant une lecture un peu plus poussée laisse vite apparaître de graves limites :

Et même ce calcul CO2 ne prend pas nécessairement en compte toute la chaîne : quand on regarde l’usage et locament, on occulte de manière opportune les impacts dans les zones minières et plus largement dans les territoires qui extraient les matières premières et fabriquent les composants (les fameux « scope 1, 2 et 3 » du protocole de bilan carbone). Le meilleur exemple étant la voiture électrique (voir par exemple l’interview d’Aurore Stéphant, représentante de l’association SystExt).

L’impact est insuffisant : les engagements de la COP26 ne suffisent pas à maintenir le réchauffement sous les 2 degrés celsius, et ce même s’ils étaient respectés (ce dont on est en droit de douter, au vu des trajectoires passées).

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Autre manière d’illustrer ce fossé : pour rester sous la barre (toujours problématique mais presque souhaitable à ce stade) des 1,5 degrés, il faut passer à une consommation par personne de 2To de CO2 par an, soit 5 fois moins qu’aujourd’hui pour des zones comme le Québec ou la France, à l’horizon… 2030! Sachant que le logement à lui seul compte en moyenne pour 2,4To. Le compte n’y est pas.

trajectoire climatique et budget carbone
Source : bonpote.com | https://bonpote.com/les-ordres-de-grandeur-bon-pote-2021/

Contrairement à ce qu’affirment nombre de politiciens, il est mathématiquement impossible d’atteindre les objectifs en restant dans le même mode de fonctionnement. Cette conciliation « croissance » et « verte » repose généralement sur des leviers d’innovation technologique hypothétiques.

C’est un pari risqué, comme le souligne par exemple, dans son Plan de Transformation de l’Économie Française, le Shift Project : pour que l’industrie puisse respecter ses objectifs carbone, seule 40% de la baisse viendra vraisemblablement du progrès continu ; le reste doit donc provenir de technologie de rupture (40%) et de mesures de sobriété (20%). Or comme le conclut le rapport, « les technologies de rupture sont un pari à pousser, mais restent un pari. Les risques d’échec étant bien plus forts sur les leviers technologiques de rupture que sur les leviers de progrès continu, il est essentiel de comprendre qu’il doit être envisagé de recourir à une sobriété plus intense si leur déploiement échoue dans les années à venir ».

Étant donné le (très) peu de temps dont nous disposons et la durée moyenne de mise en marché d’une technologie (à savoir : environ 10 ans), sans compter l’impact environnemental des solutions high tech elles-mêmes, il est clair que la réponse est ailleurs.

La conversation du Pourquoi

C’est pourquoi se fait de plus en plus entendre une seconde conversation : celle du pourquoi. Pourquoi fonctionne-t-on tel qu’on le fait? Pourquoi continue-t-on à produire des objets qui n’augmentent pas notre bien-être mais dont on sait que la production a nécessairement, comme toute production industrielle, un impact néfaste sur l’environnement? Pourquoi continue-t-on à considérer que les ressources sont infinies? Pourquoi même parle-t-on de « ressources » quand on réfère au reste du vivant sur Terre?

C’est une conversation qui questionne le fondamental : notre rapport au vivant, au bien-être, au collectif ; mais aussi nos structures fondamentales, telles que l’emploi, la croissance, la propriété, la gouvernance, etc. C’est une question d’ordre fonctionnel : elle est systémique (elle observe le système comme un « tout » avec des dynamiques complexes et non comme un « tas » de composantes isolées), elle questionne les choix qui l’ont fait émergé et qui le maintiennent en place, elle interroge les fonctions auxquelles sont sensées répondre nos activités industrielles et économiques. Elle cherche des transformations en vue de repenser un système.

En somme, c’est une conversation sur l’utilité : qu’est-ce qui est vraiment utile et que l’on peut justifier de continuer à produire (ensuite seulement viendra la question du comment)? La question serait moins fondamentale si elle n’était que philosophique : or, elle est absolument instrumentale si l’on veut pouvoir faire des choix. Car c’est bien de cela dont il s’agit : dans une réalité finie, il faut faire des choix. Et dans une réalité sensible, qui est aussi, rappelons-le, une facette de notre monde, ces choix ne peuvent pas se baser que sur le factuel, l’analytique ; ils doivent aussi expliciter le perceptuel : à quoi aspire-t-on? Qu’est-ce qui intervient dans notre conception, nécessairement subjective, de l’utilité?

Une approche purement technicienne ne saurait donc répondre couvrir cette question. Pour autant, le débat n’a pas à être idéologique, monolithique. Nos sociétés sont plurielles, complexes et en constante évolution. Nous avons besoin tout autant de stratégies collectives que de récits collectifs, et pour les établir les conversations doivent, elles aussi, être collectives.

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