Comme à presque tous les matins, je fais un rapide survol de la grande majorité des articles du Devoir, et parfois je tombe sur un article qui m’apparaît particulièrement significatif. Ça m’arrive je dirais 2 ou 3 fois par semaine et, rarement, je découpe l’article pour être certain ne pas oublier de l’intégrer dans ma base de connaissances. C’est ce qui s’est passé en décembre lorsque j’ai lu l’article de Fabien Deglise intitulé « L’entrevue – Le design se met au vert /
Les créateurs font amende honorable après avoir alimenté la surconsommation » .
Il y décrit qu’après avoir été un des fers de lance de la société de consommation, l’école du design et particulièrement celle de l’Université de Montréal prend acte de la portée de ses gestes et entreprend de se redéfinir.
N’est-ce pas là un indicateur très sûr de changement, un indicateur que les infrastructures même de la société ont entrepris le processus de métamorphose? Que les acteurs du Design, cette fonction sociale qui sculpte littéralement le futur, ont pris note du changement de paradigme qui est en train de s’opérer et qu’ils entreprennent de se redéfinir en changeant les modèles de référence qui leur servent de guide pour inventer les équipements de la société de demain? «C’est un courant irréversible», selon Philippe Lalande, directeur de l’École de design industriel de l’Université de Montréal, cité dans l’article.
Jusqu’à ce point de ma lecture je me demandais si j’avais affaire à un exercice de green washing élaboré pour la tenue d’une rétrospective de 40 ans de design québécois. Mais en poursuivant ma lecture j’ai compris que ce n’était pas le cas, que ce que Fabien Deglise décrivait était un indicateur réel d’enclenchement de la métamorphose car, citant toujours M. Lalande, on pouvait lire «La pression est très forte. Elle vient beaucoup des étudiants. Ce sont eux qui exigent que l’on tienne compte désormais des facteurs environnementaux dans le design des objets.» .
Le changement est initié par la base. Donc, ce sont les changements dans les modèles de référence des étudiants qui sont les déclencheurs du changement des modèles de référence qu’enseigneront dorénavant les universités. C’est une inversion du sens de l’évolution et ça, pour moi, c’est un indicateur que nous quittons le régime laminaire d’évolution par amélioration continue pour entrer dans un régime turbulent. Chacune de ces inversions de tendance sera pour le système économique actuel un facteur de stress et de déstabilisation. Ça veut dire que la turbulence est entrée dans sa phase active et que la métamorphose commence.
Pour moi, ça signifie que nous ne sommes plus qu’à quelques années du changement de paradigme et ça implique que dans quelque années seulement, le paradigme de consommation cessera de dominer et sera remplacé par un paradigme de conservation et d’efficience qui nous mènera à l’écohérence et par le fait même au développement durable.
Qu’en pensez-vous ?
Et, si vous êtes d’accord avec mon analyse, connaissez vous d’autres cas d’inversion du sens de l’évolution de ce type ?
Le phénomène du Open Source n’en est-il pas un ?